L’équipe du centre hépato-biliaire de l’hôpital Paul-Brousse AP-HP et de l’Université Paris-Saclay, a étudié, avec la participation de Gustave Roussy et de 19 autres centres français et européens coordonnés par le Pr René Adam, les bénéfices de la transplantation hépatique, combinée à une chimiothérapie, dans le cancer colorectal métastatique. Les résultats de cette étude promue par l’AP-HP ont fait l’objet d’une publication parue le 21 septembre 2024 dans le Lancet.
Les métastases hépatiques non résécables de cancer colorectal restent un défi majeur en oncologie, malgré les avancées de la prise en charge. Face à cette problématique, la transplantation hépatique associée à la chimiothérapie a été proposée comme une nouvelle approche thérapeutique.
L'objectif principal de l’étude européenne multicentrique TransMet était de déterminer si la transplantation hépatique, combinée à la chimiothérapie, améliorait significativement la survie globale des patients atteints de métastases hépatiques non résécables de cancer colorectal, par rapport à la chimiothérapie seule.
L'étude TransMet, menée dans 20 centres en Europe, a inclus 94 patients âgés de 18 à 65 ans présentant des métastases exclusivement hépatiques, non résécables et bien contrôlées par au moins trois mois de chimiothérapie et au plus trois lignes de traitement. Les participants à cette étude ont été répartis de façon aléatoire en deux groupes : le premier recevant une transplantation hépatique suivie de chimiothérapie et le second recevant uniquement une chimiothérapie. L'évaluation principale portait sur la survie globale à cinq ans.
Chez les 74 malades ayant effectivement reçu le traitement prédéfini, les résultats montrent une amélioration significative de la survie globale dans le groupe recevant une transplantation, avec un taux de survie à cinq ans de 73 % contre 9 % dans le groupe sans transplantation. Le taux de complications graves était similaire entre les deux groupes. Après un suivi médian de 50 mois, 42 % des malades étaient en rémission complète après transplantation contre seulement 3 % après chimiothérapie seule.
L'étude TransMet démontre que la transplantation hépatique, combinée à la chimiothérapie, offre une amélioration significative de la survie des patients atteints de métastases hépatiques non résécables de cancer colorectal. Cette stratégie est potentiellement curative. Ces résultats justifient une réévaluation des recommandations cliniques actuelles en oncologie.
L’étude TransMet bénéficie d’un financement ministériel (PHRC- Cancer de 2013, référence AOM 13199).
Références : René Adam, Céline Piedvache, Laurence Chiche, Jean Philippe Adam, Ephrem Salamé, Petru Bucur, Daniel Cherqui, Olivier Scatton, Victoire Granger, Michel Ducreux, Umberto Cillo, François Cauchy, Jean-Yves Mabrut, Chris Verslype, Laurent Coubeau, Jean Hardwigsen, Emmanuel Boleslawski, Fabrice Muscari, Heithem Jeddou, Denis Pezet, Bruno Heyd, Valerio Lucidi, Karen Geboes, Jan Lerut, Pietro Majno, Lamiae Grimaldi, Francis Levi, Maïté Lewin, Maximiliano Gelli - Lancet