Une équipe de la maternité Port-Royal de l’hôpital Cochin AP-HP, du laboratoire de virologie et du laboratoire de diagnostic biologique automatisé de l’hôpital Cochin AP-HP/Université de Paris, a mené une étude afin d’évaluer l’impact de l’utilisation d’un test de diagnostic moléculaire de la grippe rapide dans la prise en charge des patientes enceintes. Ce test, qui permet d’obtenir les résultats en deux heures contre 24 heures auparavant, contribue à diminuer le nombre d’hospitalisations et les antibiothérapies qui peuvent être inutiles et injustifiés. Ces travaux ont été publiés le 14 juin 2019 dans la revue Plos One.
En période hivernale, la fièvre est un motif fréquent de consultation. Chez les patientes enceintes, l’enjeu est de diagnostiquer s’il s’agit d’une grippe, qui peut le plus souvent être traitée en ambulatoire, ou d’une listériose qui impose une antibiothérapie en hospitalisation. Dans l’attente des résultats biologiques, les patientes enceintes qui consultent aux urgences pour fièvre ou syndrome pseudo-grippal sont généralement hospitalisées et traitées par antibiotiques.
Une équipe de la maternité Port-Royal de l’hôpital Cochin, du laboratoire de virologie et du laboratoire de diagnostic biologique automatisé de l’hôpital Cochin AP-HP/Université de Paris, a mené une étude pour évaluer l’impact de l’utilisation d’un test de diagnostic moléculaire rapide de la grippe sur le taux d’hospitalisation et d’antibiothérapie. Ce test qui permet d’obtenir les résultats en deux heures, a été implanté dans le laboratoire de virologie de l’hôpital Cochin AP-HP depuis 2015. Il peut être réalisé 7j/7 et 24h/24 en période d’épidémie grippale.
Ces travaux ont inclus l’ensemble des patientes enceintes qui ont consulté aux urgences de la maternité Port Royal à l’hôpital Cochin AP-HP pour fièvre ou syndrome pseudo-grippal pendant les épidémies de grippe et qui ont bénéficié d’un test diagnostique de grippe. Deux périodes ont été comparées : avant l’introduction du test moléculaire rapide (période 1 comportant 38 patientes) et après son introduction (période 2 comportant 124 patientes). Dans la première période, les résultats étaient généralement obtenus en 12 à 24 heures seulement les jours ouvrables.
La grippe a été confirmée chez 24 patientes (63,2%) au cours de la période 1 et chez 65 patientes (52,3%) au cours de la période 2 (p=0,24). Le taux d’hospitalisation était significativement plus élevé pendant la période 1 que pendant la période 2, que ce soit parmi l’ensemble des patientes incluses (71.0% contre 44.3%, P=0.004), ou parmi les patientes chez qui la grippe a été confirmée (83.3% contre 38.5%, P<0.001). La même différence était observée sur le taux de traitement par antibiotiques (respectivement, 86.8% contre 56.1%, P=0.001 et 91.7% contre 44.7%, P<0.001).
Ces résultats montrent que l’utilisation d’un test moléculaire rapide disponible en urgence pour le diagnostic de grippe en période d’épidémie améliore la prise en charge des femmes enceintes consultant pour une fièvre isolée ou un syndrome pseudo-grippal. Ce test contribue ainsi à réduire le nombre d’hospitalisations inutiles et à éviter des antibiothérapies injustifiées.
Source :
Olivia AnselemI1*, Camille Baraud1, Anne-Sophie L’Honneur2, Camille Gobeaux3,Flore Rozenberg2, François Goffinet1
1 Maternité Port-Royal, Groupe hospitalier Cochin Broca Hôtel-Dieu, Assistance Publique Hôpitaux de Paris, Université de Paris, DHU Risques et Grossesse, PRES Sorbonne Paris Cité, Paris, France,
2 Laboratoire de Virologie, Groupe hospitalier Cochin Broca Hôtel-Dieu, Assistance Publique Hôpitaux de Paris, Université de Paris, DHU Risques et Grossesse, PRES Sorbonne Paris Cité, Paris, France,
3 Laboratoire de Diagnostic Biologique Automatisé, Groupe hospitalier Cochin Broca Hôtel-Dieu, Assistance Publique Hôpitaux de Paris, Université de Paris, Paris, France