Une équipe de chercheurs (AP-HP, Inserm) coordonnée par les Drs Miyara et Buffet de la Pitié-Salpêtrière vient de découvrir une nouvelle méthode de diagnostic des formes de paludisme chronique à l’aide d’un test répandu et habituellement prescrit pour le diagnostic de certaines maladies auto-immunes. Une avancée qui permet d’améliorer ce diagnostic souvent délicat et donc de proposer une meilleure prise en charge thérapeutique aux patients. Les résultats de cette étude font l’objet d’une publication dans la revue PLOS ONE*.
Le paludisme chronique, une maladie dormante
Le paludisme est une maladie infectieuse grave liée à une infestation parasitaire par Plasmodium falciparum. Certains patients sont infestés de façon chronique avec une maladie qui peut, sous une forme dormante, persister de nombreuses années après le retour d'un séjour en pays d'endémie. Ils risquent alors, en l’absence de traitement spécifique, de voir se déclencher des complications graves, incluant des crises aiguës notamment lors de grossesses mais aussi de développer des lymphomes de la rate.
La recherche d’anticorps antinucléaires : un outil pour diagnostiquer le paludisme chronique.
Le diagnostic des maladies auto-immunes systémique est réalisé via un test répandu qui consiste à rechercher des anticorps dirigés contre le noyau de la cellule sur des cellules spécifiques, les HEp-2. La présence d'anticorps reconnaissant les composants des cellules est mesurée par la fluorescence observée au microscope, les anticorps étant révélés par un traceur fluorescent. Le travail collaboratif a été mené par les services de médecine interne (Pr Amoura), de maladies infectieuses (Pr Caumes) et les laboratoires de parasitologie (Pr Mazier) et d’immunologie (Dr Musset et Pr Autran) de la Pitié-Salpêtrière. Il a permis de découvrir une nouvelle façon de diagnostiquer des paludismes chroniques à l'aide de ce test. Les chercheurs ont observé un profil de fluorescence particulier lors de la recherche d'anticorps antinucléaires sur cellules HEp-2 uniquement chez les patients souffrant d’un paludisme chronique qui n’avait jamais été observé dans une autre maladie parasitaire ou immunologique.
Un travail en deux phases
Dans un premier temps, un travail rétroactif a été mené afin de confirmer chez les patients avec un paludisme avéré, la présence de ces anticorps dans leur sérum, Dans un second temps, les chercheurs ont démontré, lors d’une phase prospective d’un an et demi, que les patients qui avaient dans leur sérum ces anticorps avaient, dans près de 80% des cas, un authentique paludisme). « Ces résultats permettent de redresser le diagnostic des patients présentant des symptômes atypiques et pour lesquels le paludisme chronique n'avait pas été envisagé. » explique le Dr Makoto Miyara. « L’amélioration du diagnostic des paludismes chroniques, notamment ceux dont la présentation clinique est inhabituelle, va nous permettre de proposer une meilleure prise en charge thérapeutique ».
